Coups de cœur, Mes lectures

L’année de grâce, Kim Liggett

L’année de grâce est une vraie pépite féministe et fantasy que j’ai dévorée en une nuit (malgré ses plus de 400 pages), ce qui est assez rare !

Ce roman est donc un véritable coup de coeur !

On y découvre un univers où les femmes, à l’âge de leurs 16 ans sont envoyées en année de grâce après avoir vécu la cérémonie du voile (un moment où les garçons choisissent lesquelles ils épouseront… si elles reviennent vivantes). Un isolement dont peu reviendront, mais qui est censé les vider de leur magie : vous savez, quand un homme de tout âge trouve une jeune femme de 16 ans séduisante et attirante… mais que c’est de sa faute à elle (oui, je hurle intérieurement !).

Bref, on suit l’histoire de Tierney, une jeune femme qui entre justement dans son année de grâce. Répugnée par l’idée de se marier, et parée d’un caractère fort qui la rend repoussante pour les hommes ; à l’exception de celui qui aime « dresser » les bêtes sauvages… hum… elle a décidé de son futur, et choisit qu’elle serait envoyée à la ferme suite à son année de grâce.

Mais c’était sans compte le destin – les choix des hommes – qui lui jouent des tours, et la font partir voilée, jalousée par celles qui n’ont pas eu cette « chance » et par celle qui n’a donc pas été choisie par son promis.

Je n’en dis pas plus pour ne pas vous enlever le plaisir de cette lecture. Parce que oui, l’univers que l’autrice met en place me fait hurler, mais il est décrit avec un tel réalisme que l’on se laisse emporter totalement par l’histoire.

Dans ce livre, c’est criant que l’ennemi premier des femmes, contrairement à ce qu’on pourrait penser à la base, sont bien les autres femmes. On le voit dès le début, et je ne vous spoilerais pas sur la fin.

Ce roman, l’héroïne surtout, est très engagé avec l’idée constante que si les femmes décidaient de s’allier plutôt que de s’en prendre les unes aux autres, étant plus nombreuses que les hommes, elles pourraient s’en tirer. Mais c’est bien plus compliqué que ça.

Les personnages féminins sont très bien travaillés. On est vraiment dans une situation qu’on a toutes pu connaître (enfin pas de manière aussi excessive je vous le souhaite !).

L’héroïne est vraiment très humaine : elle se méprend d’une scène qu’elle aperçoit à la volée entre son père et un autre homme. À partir de là, elle ne le voit plus pareil, perd sa confiance en lui, et refuse l’idée de se marier. À ses yeux, son père est un traitre – comme tous les hommes devenus adultes – et elle ne veut plus en entendre parler. Puis, juste avant son départ pour son année de grâce, c’est sa mère qui devient la cible de ses soupçons. Tout, elle ferait tout pour être différente de cette femme odieuse qui crie plus fort que les autres lorsqu’une autre femme se fait condamner pour ne pas avoir pris assez soin de son mari… ou parce qu’il lui resterait des traces de magie (visibles à travers leurs rêves… oh mon dieu comment je serais condamnée !!) ; et qui semble, telle une vampire, viser la jeunesse éternelle en se nourrissant des organes de jeunes filles.

Tes yeux sont grands ouverts, mais tu ne vois rien.

Chez les autres femmes, on voit à travers les yeux de l’héroïne, des personnages odieux et détestables. Mais pendant son année de grâce, c’est encore pire. Je dirais que la majorité du temps, les personnages féminins – a l’exception de l’héroïne – véhiculent seulement ce que l’autrice veut montrer : que les femmes sont les premières ennemies des femmes. Et donc que les hommes ont réussi à les asservir totalement. Je ne sais pas s’il y aura de tome deux, en soit ce tome se suffit à lui-même, mais au fond de moi je l’espère parce que la fin me laisse penser que, justement, la suite pourrait me faire changer totalement d’avis à propos des femmes de cet univers.

Mais les personnages masculins aussi sont intéressants, et nous ouvrent aux subtilités de cette société qui n’est pas toute blanche ou toute noire. Michael, le meilleur ami de Tierney, son père, mais aussi les soldats ou les braconniers, chacun de ces personnages nous ouvre à autre chose.

Tierney est très mature, mais certains blocages témoignent de son jeune âge : notamment ses a priori à propos de sa famille sans avoir cherché à en savoir plus. Mais, heureusement, comme toutes les autres filles envoyées en année de grâce avec elle, elle vit des épreuves qui la font évoluer et lui ouvrent les yeux sur sa famille, sur le système dans lequel elle vit, et auquel elle participe, sur l’amour, et sur les batailles qu’elle souhaite mener.

Ce roman est beau, il est triste (très triste), il est épique, mais il résonnera certainement dans la tête de beaucoup de femmes car, à travers un système extrême, on retrouve quand même malheureusement par moment des gestes, des regards, des paroles, qu’on a toutes subit un jour ou l’autre.

Ce roman est donc un très beau coup de coeur, et au fond de moi, j’espère qu’il y aura une suite !

Le résumé

L’année de leurs 16 ans, toutes les jeunes filles sont envoyées dans un campement dans la forêt où elles doivent survivre seules pendant un an. En effet, une croyance prête aux femmes une magie dangereuse dont elles doivent se purifier durant cette année. Tierney est une rebelle qui rêve d’une autre vie que celle d’une épouse soumise. Malheureusement, son ami d’enfance la choisit pour femme et elle ne pourra pas, après son année de grâce, se soustraire à cette union. Animée par une rage sourde et un sentiment d’injustice, Tierney se retrouve dans le camp avec le groupe de filles de son année de grâce. Très vite, elle se rend compte que le danger ne réside pas tant chez les braconniers qui rôdent – prêts à chaque instant à tuer les jeunes filles qui chercheraient à s’échapper – que dans la folie collective qui gagne peu à peu toutes les filles livrées à elles-mêmes…

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